AU FIL DES MOIS, Journal de l'Atelier "Au Fils d'Indra" N° 51 - Mai 2015
Chers amis,
Nous avons la douleur de vous faire part du décès de Madame Marie-Rose Carlié, la créatrice de notre action en France. Notre peine est profonde, mais nous sommes conscients d’avoir eu la chance d’avoir été mis sur son chemin de lumière et participons intimement au deuil de tous ceux qui perdent aujourd’hui un être cher.
Remplis des leçons que Marie-Rose nous a données par sa générosité, son esprit de solidarité et sa foi dans la providence, nous sommes, pour toujours, marqués par sa constance pour le maintien des valeurs humanitaires de notre action et par son exigence de sérieux dans l’organisation de tout ce qu’elle entreprenait. Lors de ma mission de deux semaines à Pondichéry, en janvier dernier, j’ai pu constater la pauvreté dans les villages de paillotes qui sont autour de l’Atelier. J’en reviens convaincu de la permanence du besoin qui fait que notre action conserve toujours toute son utilité. Certes, l’aide du gouvernement indien fait que, localement, la misère n’est plus celle qui existait lorsque l’Atelier a été créé. Mais l’Atelier procure toujours, à des femmes dans les difficultés et chargées de famille, un emploi en sécurité qui leur permet de gagner de quoi vivre dans la dignité et assumer la subsistance des leurs, en contrepartie d’un travail valorisant. Les interviews de certaines des brodeuses sur leur situation le confirment d’ailleurs.
La passion de Marie-Rose pour la poésie nous a aussi souvent enrichis de son engagement artistique plein de modestie. En me promenant dans les rues de Pondichéry, j’ai été frappé, une fois de plus, de constater que les femmes y portent une étonnante exigence de beauté (j’ai ainsi admiré des centaines de kolams). La présence admirative de Marie-Rose à la très récente exposition de Saint-Maur a témoigné d’une communion de pensée entre elles.
Marie-Rose était très attentive à nos difficultés et fière de nos succès. Entre 2011 et 2013, nous avons eu à faire face à l’impossibilité d’organiser assez d’expositions. Les achats de toiles ne nous permettaient donc pas de dégager des fonds suffisants pour être en mesure d’envoyer à Pondichéry les sommes nécessaires pour payer les salaires des brodeuses. Cependant, la finalité sociale de notre action ne nous autorisait pas de les mettre en chômage technique. Nous avons puisé dans nos réserves antérieures et nous avons continué à transférer annuellement à l’Atelier les sommes convenues. En 2015, nos efforts portent leurs fruits, puisque nous avons bon espoir d’arriver à organiser au moins les 10 à 12 expositions qu’il nous faut, annuellement. Soyez-en tous remerciés.
Nous avons aussi pu, conformément à ses souhaits, transférer une partie du legs que nous avons reçu d’Arlette Violet, au Docteur Balassoupramanian. Il nous a assuré qu’il va, grâce à ce don, pouvoir lancer son projet de centre gériatrique d’une quinzaine de lits, qui correspond à un besoin crucial pour les populations des villages avoisinants.
Marie-Rose n’a cessé d’exprimer son amour et de le mettre en actes dans ses relations avec les autres. Nous avons à cœur de continuer, avec l’aide de tous, l’œuvre de vie qu’elle nous a transmise. Lors de notre Assemblée Générale, qui aura lieu le samedi 30 mai prochain, nous célébrerons les 45 ans d’existence de son action, qui, au cours de toutes ces années, a mobilisé tant de généreuses bonnes volontés. Je sais pouvoir compter sur votre engagement et vous en exprime, par avance, notre gratitude…
Avec toute mon amitié.
Pierre Lemaître