Marie-Rose Carlié
Louis Fournier
Seul, l’amour importe.
Marie-Rose Carlié est née le 5 Aout 1922 à Tarbes (Hautes Pyrénées).
Après une solide formation de Conservatoire, Marie-Rose Carlié passe un an au Centre Dramatique de l’Est, puis fait partie d’une troupe où elle peut jouer de nombreux rôles classiques (Molière, Marivaux, Musset) ou modernes (Mauriac, Claudel, Giraudoux ).
Tout d’abord comédienne, Marie-Rose Carlié s’est consacrée aux récitals de poésie et aux causeries littéraires. D’Hugo à Claudel, de Péguy à Prévert en passant par La Fontaine, sa passion pour la beauté de notre langue en poésie fut pour elle comme un message à faire passer.
Louis Fournier nait le 21 Juillet 1924 à Vichy (Allier)
Une santé très fragile marque son enfance et son adolescence, mais il va compenser cette faiblesse physique relative par une activité et une curiosité intellectuelle exceptionnelle. Il en gardera toute sa vie une très grande culture artistique et littéraire. Très tôt il va s’orienter vers la profession de journalisme dans laquelle il va pouvoir exprimer ses talents.
La rencontre de Marie-Rose et Louis va être la naissance d’un amour très fort et très solide qui ne faiblira pas avec les années. Leur début dans la vie, c’est un peu « la bohème »… Marie-Rose engage une carrière d’artiste en mettant sa voix au service de grands auteurs et de grands textes.
Son amour de la poésie l’amène douze ans aux Jeunesses Musicales de France où sa tâche est de bâtir des programmes où se mêlent Musique et Poésie.
En 1963, Louis va monter sa propre société d’Edition et de réalisation artistiques : O.p.é.r.a. Au fil de ses « coups de cœur » il se met au service de nombreuses personnalités. Au premier rang, il faut sans doute placer Paul CLAUDEL. Seul, ou en lien avec le label « Errato», il édite plusieurs « 33 tours » dédiés à des œuvres de ce grand auteur : « CLAUDEL parle… », « Le Partage de Midi », « La Messe Là-Bas »… Durant de nombreuses années, il est l’éditeur et l’irremplaçable animateur du Bulletin de la Société Paul CLAUDEL.
Il s’intéresse aussi à Sainte Thérèse de LISIEUX. Il lui consacre plusieurs disques et des sons et lumières. Il collabore régulièrement aux « Annales de Sainte Thérèse de Lisieux ».
Curieux de tout, il produit un disque sur des textes d’Ignace de Loyola ou une cassette de fables de Jean de la FONTAINE… Il adapte un texte de Jules SUPERVIELLE « le bœuf et l’âne de la crèche » dit par Jacques FABBRI et Louis de FUNES.
Les vies professionnelles de Louis et Marie-Rose vont souvent se croiser et s’alimenter mutuellement. Louis réalise plusieurs disques en utilisant Marie-Rose comme artiste. Il s’occupe activement de sa carrière.
Elle a la chance d’être partenaire de grands musiciens (Alexandre Lagoya, Jean-Philippe Collard, Pédro Soler, Pierre Maillard-Verger et actuellement Pascal Gallet ). Elle participe à de multiples récitals à l’étranger (Liban, Allemagne, Espagne, etc…), à Paris où elle réside et dans la France entière. Parallèlement elle participe à la réalisation de nombreux disques et à des émissions de radio. On lui doit les « Cinq prières dans la Cathédrale de Chartres », chœur parlé de Péguy, qui obtient le Grand Prix International du Disque de l’Académie Charles Cros. Elle crée « La Messe Là-Bas » de Paul Claudel au festival de Saint-Germain-des-Prés.
Puis vient l’heure des spectacles-montages. Avec Jean Négroni et Jean-Pierre Armengaud, elle crée « Camille Claudel ou le Dieu envolé » à la Fondation Pierre Giannada (Martigny—Suisse) avant de jouer cette pièce à Paris, Saint-Germain-en-Laye, Dusseldorf. Au festival d’Avignon, elle joue « Cris de prison » (poèmes et lettres de prisonniers célèbres) avec Cyrille Artaud.
Le couple ne peut pas avoir d’enfant. Ce drame intime, au lieu de les renfermer sur eux-mêmes va, au contraire, les ouvrir sur les autres, tous les autres : les amis, les relations professionnelles, mais aussi les gamins « sans le sou » de leur quartier. Dans l’étonnante maison du passage Pouchet, puis dans l’appartement de la rue des Tournelles, et maintenant celui de la rue des Lions Saint Paul, c’est table ouverte tous les jours. La chambre d’amis est toujours prête à accueillir quelqu’un de passage. Dans ce grand réseau amical, Louis trouve naturellement une place centrale.
Lorsque l’Inde fait irruption dans leur vie par le biais du couple ami, Nicole et Henri Durieux, en 1969, c’est tout à fait naturellement que Louis va soutenir cette nouvelle cause. Il le fait sans doute par fidélité et par amour pour son épouse, mais aussi parce qu’il est convaincu que cette action limitée, mais concrète et très symbolique, doit avoir un impact important. Au fil des années, face au développement de plus en plus important de l’action, il va soutenir l’élan généreux et altruiste de Marie-Rose en mettant à son service ses compétences professionnelles en termes d’organisation, de gestion et de communication. Il le fait bénévolement, mais avec la même attention et le même professionnalisme que dans les activités de sa société.
Compétent, professionnel, cultivé, il l’est, mais il masque cela sous une épaisse couche d’humour dont il est généreusement doté. Tous ses amis savent qu’il est toujours à l’affut des derniers gadgets qu’il s’amuse à leur faire découvrir.
En raison des risques pour sa santé, Louis ne peut malheureusement pas se rendre en Inde. C’est un grand regret pour lui, pour Marie-Rose et pour l’ensemble des ouvrières qui connaissent le rôle important qu’il joue dans la vie de l’atelier. Pour manifester leur reconnaissance, les ouvrières lui dédicacent une des toiles qui porte le titre « Saint Louis à la croisade ».
Dans le même temps, Marie-Rose renonce à une bonne part de ses activités professionnelles pour se consacrer de plus en plus à l’action de l’Atelier Au Fils d’Indra.
Le décès de Louis en 2010 sera une terrible déchirure dont Marie-Rose ne se remettra pas.
Son énergie reste intacte et elle sollicite quelques amis pour reprendre et prolonger l’activité de la société créée par Louis. Quelques anciennes productions sont rééditées en CD (Ignace de Loyola, Claudel et Thérèse, …). De nouvelles œuvres sont créées : avec le pianiste Pascal Gallet, elle monte un programme original en mettant en regard les Douze préludes de Debussy et les textes de Marguerite Long. Donné plusieurs fois en concert, il fera l’objet d’un CD.
Accompagnée de la Flûtiste Magali Darras, elle crée à Saint Maixant un récital autour de l’œuvre de Tristan Klingsor.
Enfin, avec le violoncelliste Claude Burgos elle présente dans plusieurs villes un récital de poésie et de musique « Grandes Guerres, Grands poètes » évoquant les guerres de 70, 14/18 et 39/45. Avant de nous quitter, en Avril 2015, elle projetait de le présenter à Nancy et à Lille…